dimanche 1 décembre 2013

Jacques Morin et Résonance générale n° 6

Décembre, c’est…

RÉSONANCE GÉNÉRALE n° 6 :

Dire d’abord que la réalisation formelle de la revue est très réussie. Et ce n’est pas étonnant puisque c’est l’Atelier du Grand Tétras qui l’imprime (cahiers cousus, vélin 90g… de la belle ouvrage). Je n’avais jusqu’à présent jamais été emballé par cette revue qui présente à mon sens et à mon point de vue deux axes poétiques, l’un avec lequel je me sens de plain-pied et l’autre qui me questionne mais ne m’intéresse guère au fond. C’est peut-être ma limite… En tout cas, mettre Antoine Emaz en tête de distribution a gommé toute hésitation. Il s’agit de l’Antoine Emaz du journal et des notes, celui qui écrit des réflexions pointues sur la littérature, la poésie ou autre, en parallèle avec son travail de poète. Ses notes sont d’autant plus riches que ça dégaine un peu tous azimuts. C’est toujours intéressant quel que soit le sujet, mais surtout chez Antoine Emaz, très intelligent, et ce qui ne gâte rien enfin, bien écrit. D’ailleurs il me conforte dans mes considérations initiales : Ma limite de lecteur est vraiment l’abscons, la langue bouclée sur elle-même…  et plus loin : Je ne connais personne qui puisse tout lire dans la poésie d‘aujourd’hui, ou celle d’hier. Le long des pages, il parle aussi bien de Du Bouchet que de Flaubert, et aussi des polars avec Wallander… Et, en poésie, par exemple, il s’interroge sur l’identité vocale d’un poète : timbre d’écriture ?et aussi  fréquence de pensée, comme en radio. Il balise la critique et conclut : En poésie, on a autant besoin de mémoire que de curiosité. Enfin il s’inscrit sans le savoir dans notre débat actuel : « aller à la ligne ? » (dans Décharge), avec cette phrase : Avec la fin du vers régulier, c’est l’Atlantide : naufrage du continent  poésie et apparition d’un archipel d’œuvres-îles. Fabrice Farre ensuite intègre dans une poésie assez narrative les concepts de caméra subjective et objective. Alice Popieul donne une série de dessins à l’encre Je produis un ramassis de belleriesRésonance générale republie un recueil de Bernard Vargaftig, décédé l’an dernier, et cher aux membres de la revue, paru en 1965 chez PJOswald : Chez moi partout. Il est vrai qu’avec le recul, il date un peu mais se révèle déjà très prometteur Eperdu de toi / L’ombre entre mes doigtsSont mis au point son phrasé et son rythme déjà très personnels. Valérie Michel donne des extraits de son journal : Il y a peu, déjà qui interroge l’invisible et le souterrain avec acuité  Que dire de ces choses qui se décident en nous ? / Sans que l’on sache très bien comment, certaines parviennent à faire équilibre à d’autres… Philippe Païni achève la revue : on ferme un livre un autre / commence nos bouches / effeuillent encore notre toute neuve / nudité A signaler enfin que Serge Martin a intitulé sa rubrique de lectures : Vrac, comme la mienne.
128 pages. 12 €. (2 n°/an : 20 €). L’Atelier du Grand Tétras : Au-dessus du Village – 25210 Mont de Laval.

On trouve cette recension à cette adresse: http://www.dechargelarevue.com/revue_du_mois.htm
Merci à Jacques Morin !
S.M.


Rappel : Jacmo avait déjà chroniqué le n° 4:
le 28.01.2012RÉSONANCE GÉNÉRALE n° 4 :   4° n° pour cette revue semestrielle, qui clôt donc sa deuxième année. Très belle facture puisque fabriquée par l’Atelier du Grand Tétras. Un thème qui rassemble les deux parties de la livraison : Commencements en terrains vaguesCommencements…comme l’illustre parfaitement Jacques Ancet, auteur toujours original et étonnant, qui ravit à chaque lecture, il donne l’impression ici de renaître de l’extérieur : « je rentre dans mes gestes, dans les images de mes yeux », présent aussi au titre de traducteur de Manuel Alvarez Ortega (« Genèse »)…en terrains vagues, comme le titre Yann Miralles, dans des motifs soignés et cinématographiques : chacun sa décollation / sa tête qui verse et que suivre / avec les mots / et dans eux. Entre les deux termes, Françoise Delorme et ses quintils d’hexasyllabes, Amandine Marembert, qui raconte de mieux en mieux, en strophes poétiques, à propos d’un enfant proche, j’ai peur du moment / où ses dents vont tomber / trouant un peu plus sa parole ravalée. Sans oublier le comité de rédaction qui ne se met pas à la une par pudeur : Serge Martin, Laurent Mouret et Philippe Païni. RG s’impose d’ores et déjà comme une revue superbe et exigeante.  
12 €. (2 n° : 20 €). Au-dessus du Village – 25210 Mont de Laval.


dimanche 6 octobre 2013

Laura Vazquez dans Résonance générale n° 6

Merci à Laura Vazquez d'annoncer (avec trois très belles images - une ci-dessus) aux lecteurs de son blog la parution du numéro 6 dans lequel nous publions un de ses textes :
http://laura-lisa-vazquez.blogspot.fr/2013/10/resonance-generale-6.html?showComment=1381050443730

mardi 1 octobre 2013

Le numéro 6 est paru !

Le numéro 6 est paru !
On peut vite passer commande à l'Atelier du grand Tétras...
et s'abonner pour recevoir le 7  (à paraître en 2014) !


vendredi 5 juillet 2013

Les Cahiers du Chemin (1967-1977) de Georges Lambrichs

Serge Martin, Les Cahiers du Chemin (1967-1977) de Georges Lambrichs Poétique d’une revue littéraire, Paris, Honoré Champion, coll. « Poétiques et esthétiques XXe-XXIe siècles », 2013, 219 p.


Avec ce livre Serge Martin poursuit un travail toujours en cours, - celui qui l’occupe depuis ses livres L’Amour en fragments Poétique de la relation critique (Artois Presse Université, 2003) et Langage et relation Poétique de l’amour (L’Harmattan, 2004) – sur la relation dans et par le langage, la relation dans et par le poème, qui est une condition pour penser la littérature. Un travail qui fait du mouvement de la parole en poème un opérateur fort pour penser ce qu’est vivre en langage.
La force de ce livre précisément est de poursuivre cette recherche, toute de découvertes, en s’intéressant à la revue Les Cahiers du chemin dirigée par Georges Lambrichs de 1967 à 1977, aux éditions Gallimard. Serge Martin travaille à la poétique d’une revue occultée par la N.R.f., mais qui n’en pas moins d’importance, d’abord par la liberté d’écriture et de pensée que, de numéro en numéro, elle invente. La grande réussite de ce livre est d’abord de faire des Cahiers une œuvre, autant par la lecture qu’il en fait que l’écriture que fait cette revue des œuvres qu’elle publie : on voit dès lors que la « relation » est pour le moins en activité, avec le chemin qu’auront tracé ces cahiers. L’essai richement documenté combine alors plusieurs approches : celle du parcours de Lambrichs jusqu’à la création de la collection du Chemin chez Gallimard et de la revue, puis celle en direction de l’œuvre de l’écrivain Lambrichs, en particulier de son livre Les Fines Attaches (1957). Celle ensuite des œuvres publiées par les Cahiers qui sont aussi les grands titres de la collection « Le Chemin » : je cite, entre autres Perros, Stéfan, Chaillou, Trassart, Butor, Réda, Deguy et Meschonnic. Ainsi se croisent poétique des œuvres et poétique d’une revue pour penser la relation comme des résonances multiples. Comme le précise la quatrième de couverture du livre : « les auteurs des Cahiers du Chemin dessinent une constellation dans ce champ, que l’essai désigne du titre d’un ouvrage de Lambrichs : les fines attaches. »
Une revue par les œuvres, les œuvres par une revue : l’écoute ou relation se lit – et se lie – dans tous les sens. Une revue ne se lit pas qu’au moment de ses parutions, mais aussi dans le temps de ses lectures possibles qui, elles, continuent : « Si les revues meurent, elles ne cessent de vivre. » (p. 12) Elles s’écrivent aussi par l’écoute qu’on leur offre : ce que fait ce livre.
Trente numéros des Cahiers du Chemin existent, et l’essai de Serge Martin pour les continuer. Alors poursuivons.

Laurent Mourey

mercredi 17 avril 2013

sur une voix pleine de mains tenues (avec Alexis Pelletier)


Alexis Pelletier, Mains tenues, Éditions de l’Amandier, 2013.

Il y en a neuf. Les Ennéades : avec Alexis Pelletier, j’ai toujours cette impression de lire de courts traités qui n’opposent pas mais au contraire cherchent au plus juste à la fois une poétique et une éthique, une didactique et une érotique, une politique et une physique, une musique et une vie (du biographique) – la liste n’est pas finie car chaque petit traité ne cesse de remettre tout à neuf et pourtant chacun réussit sa tenue au plus juste dans tous ces domaines qui tiennent les fils de nos vies. 
Neuf expériences. En précisant tout de suite que le poème n’est pas le prétexte à fuir ou à se réfugier. Le poème fait une expérience chaque fois recommencée : il s’invente à neuf chaque fois sans savoir, à corps neuf. Il fait l’expérience du poème comme vivre une expérience (John Dewey, Art as experience) où penser, parler, aimer, écouter, voir, imaginer s’emmêlent. Les deux premières mesures de l’héroïque de Beethoven, un film comme un rêve, une cabane-aux-contes, le mot réel, la joie et la tristesse mêlées dans une danse de Preljocaj, le violoncelle, etc. C’est toujours un accompagnement. Avec une tenue : la main pour vivre. 
Si les rencontres font ici références, c’est surtout ce qu’on ne sait nommer qui a lieu, qui vient, qui commence encore. On dit poème, musique, film ou peinture, danse et aussi amour, enfance mais c’est traversée, le cadeau. Le présent d’un voyage : Je vis avec les mots. Embarquement pour Cythère… parce qu’une voix appelle : il faut que tu me suives. On est saisis… et tenus de donner la main à la main - je pense à Paul Celan. On lit sur une voix pleine de mains tenues.


                                                       Serge Martin

Un autre livre d'Alexis Pelletier signalé à cette adresse: http://martinritman.blogspot.fr/2013/04/le-je-ne-sais-quoi-de-la-voix-avec.html

mercredi 6 février 2013

Du Silence des chiens à La Tendresse, du poème continu : l‘intime et les silences de la voix.






Du Silence des chiens à La Tendresse, du poème continu : l'intime et les silences de la voix.

Deux livres importants de Jacques Ancet ont été récemment réédités : Le Silence des chiens et La Tendresse. Deux textes respectivement écrits entre 1980 et 1984 que les éditions publie.net reprennent en édition numérique et papier à la demande, au choix en se rendant sur le site de l’éditeur à l’adresse suivante : www.publie.net.
Le Silence des chiens et La Tendresse sont écrits comme d’un même mouvement. Comme parce que le mouvement s’interrompt et reprend - d’un livre à l’autre s’écrit un poème. Un livre de l’intime, intime parce qu’il est le monologue d’un dialogue, une voix traversée de voix, tendue vers l’altérité : « tu voudrais mourir pour qu’il meure avec toi, plonger dans le silence de tous et de personne » et plus loin : « ce râle maintenant multiplié, voix innombrables, tu t’efforces de les distinguer, de les comprendre, mais tu n’entends qu’un brouhaha, litanie sans fin où se perdrait ta propre voix » (Le Silence des chiens, p. 83). Cette « litanie sans fin » est cette phrase qui nous plonge dans cette voix, un sans-fin qui nous fait rencontrer au creux de cette voix, celle de la douleur, de la torture, la résonance des séances de torture dans les dictatures d’Amérique du Sud. La phrase sans point, sans autre signe de ponctuation que la virgule opère tous les glissements entre la voix d’un narrateur et celle d’une suppliciée. Aussi bien personne que quelqu’un, cette voix est une équivoque et un déchirement autant qu’une rencontre ; radicalement équivoque alors, son mode est le « tu », d’un taire aussi bien que d’une relation de je à tu, entre une identité et une altérité[1].
Après la douleur la phrase se prolonge en douceur, pleine de tendresse : « je marche et c’est toi qui t’avances » ; « le monde s’éclaire, je deviens ton attente » ; « je parle pour que tu vives tissant autour de toi l’amnios d’une phrase sans fin ( …) les voix des vivants qui semblent désigner le lieu de ta venue, comme je t’appelle dans l’obscure marée de la phrase» (La Tendresse, p. 40, 45 et 16). La voix trace le récit d’une naissance double, d’un tu par un je, d’un je par un tu, jamais à l’identique parce que la tendresse est l’obscur même. Le monologue d’un dialogue encore parce que ce qui n’est plus un narrateur mais un récitant écrit vers l’enfant qui est à naître, à l’enfant qui est déjà et toujours là. Mais cet enfant est à venir, comme tout ce qui s’écrit.
C’est ainsi une phrase tendue – ce qui est désigné dans Le Silence des chiens comme le « corps de l’attente, de l’écoute aussi » (p. 36), entre douleur et douceur (Le Silence des chiens travaille ce glissement). Cette phrase que fait le poème, une phrase amoureuse, en état et en climat de poème : une prose qui travaille dans l’inconnu et dans les forces du langage où il ne s’agit pas tant d’écrire que d’être écrit par cette voix de personne qui nous fait devenir des noms. Et Ancet y insiste dans la préface du Silence des chiens en renversant la doxa de la maîtrise consciente et de la technicité de l’écriture quand toute écriture, même si elle emprunte une mesure, une métrique, si elle est poème, est aventure : «Comment je n’ai pas écrit ce livre -  Car ce texte n’allait pas vers une fin, un dénouement, un horizon de sens ; il venait : du non-sens le plus obscur, le plus lointain et, en même temps, le plus intime » (p. 11). L’intime est l’interminable : les deux livres lus ici sont les troisième et quatrième volets d’une tétralogie, L’Obéissance au vent, dont les deux premiers livres L’Incessant, La Mémoire des visages avait été publiés chez Flammarion dans la collection « Textes » dirigée par Bernard Noël. Ces deux titres qu’on aimerait voir aussi rééditer renvoient au mouvement de l’écriture, à cette écriture qui est transport, ligne de fuite. Et c’est l’œuvre d’Ancet qu’on y entend – on cherche quelqu’un.

Laurent Mourey

[1] Je renvoie à mon article « Enonciations intérieures du Silence des chiens », dans Jacques Ancet ou la voix traversée, ouvrage collectif, sous la direction de Sandrine Bedouret-Larraburu et Jean-Yves Pouilloux, collection "Résonance générale >> les essais", L'atelier du grand tétras, 2012.

jeudi 31 janvier 2013

Avec Henri Meschonnic au Forom des langues du monde 2012


Voici, telle quelle, la transcription d’une intervention au Forom des langues du monde, à Toulouse, le 27 mai 2012, sur la Place du Capitol, à l’occasion de la sortie du numéro 995 de la revue Europe consacré à Henri Meschonnic. 



Il y a une actualité d’Henri Meschonnic : ce numéro de la revue Europe, le n° 995, paru à l’occasion du 80ième anniversaire de sa naissance en témoigne et y participe. Il y a eu un colloque international à l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine), en Normandie, il y a deux mois, à l’occasion de l’ouverture des archives d’Henri Meschonnic. Il y a eu une rencontre à Paris, au Petit Palais, au mois d’avril, à l’initiative de la Maisons des Ecrivains.
            Et il y a bien sûr la parution récente d’un livre de poèmes, L’obscur travaille, chez Arfuyen, et l’édition, par Régine Blaig, d’un livre-somme, annoncé et travaillé depuis longtemps : Langage histoire, une même théorie, chez Verdier.
            Cette actualité ne va pas, et notre rencontre ici, dans le cadre de ce Forom, en témoigne aussi, sans une intempestivité d’Henri Meschonnic. De l’homme et de l’œuvre. Elle dure depuis longtemps, et l’on peut parier qu’elle durera longtemps encore. Toute son œuvre continue, à travers les voix et les pensées qu’elle suscite, à s’écrire à l’intempestif présent.
            C’est cette intempestivité, cette résistance à l’époque, tournée non vers un passé idéalisé, mais bien plutôt vers un avenir à faire venir que ce numéro d’Europe dirigé par Serge Martin rend indéniable.
            « Cet ensemble, dit Serge Martin, en introduction, n’établit pas un bilan : il rassemble quelques voix et points de vue sans jamais viser une quelconque totalité ni sur l’œuvre et ce qui la continue, ni sur la vie, ses rencontres, ses engagements et ses dégagements. Tout ce qu’ouvre l’œuvre-vie d’Henri Meschonnic vient ici toujours singulièrement dans et par des expériences, des recherches et des écritures qui essaient d’accompagner ce qu’elle a suscité et continue d’engager pour chacun ».
            J’insiste : c’est bien l’engagement d’Henri Meschonnic dans son œuvre qui fait sa vie, une « œuvre-vie », oui, et oui : elle engage aussi, de manière à chaque fois singulière, ses lecteurs. Non pour « suivre » Henri Meschonnic (on y perdrait le souffle), mais pour le répondre. Voici quelqu’un qui donne à penser. Et qui donne sans compter.
            Aussi, vous résumer les 26 participations à ce numéro d’Europe ne saurait rendre justice à chacune d’entre elles. Ce serait sans doute vingt-six fois trahir et perdre de chaque essai, de chaque témoignage, le plus important : la spécificité qui lui est propre.
            Les témoignages, ceux des cousins d’Henri Meschonnic, Claude et Jacques Treiner, celui de Régine Blaig bien-sûr, ne font jamais l’économie d’un éclairage sur l’œuvre, tant celle-ci est inséparable de la vie. Les poètes, les écrivains, les artistes (Jacques Ancet, Jean-Luc Parant, Marlena Braester, Bluma Finkelstein, Charles Dobzinsky, Michel Chaillou, Claude Régy, Claude Sicre), que ce soit par le poème, ou par l’exposé de ce que leur œuvre propre doit à leur rencontre avec Henri Meschonnic, ne peuvent non plus masquer ce que cette rencontre porte aussi d’amitié. Pas plus que les théoriciens (je n’en cite que quelques uns : Jürgen Trabant, Marc Petit, Gérard Dessons, Henri Mitterand, Jérôme Roger, Jean-Michel Adam, Daniel Delas).
            Les proches, les artistes, les théoriciens : mais ni les sentiments, ni les activités artistiques, ni la pensée ne connaissent de ces frontières et la plupart des participants sont tout cela à la fois…      
            L’étendue même des domaines abordés, et la diversité des intervenants disent beaucoup d’Henri Meschonnic. Non pas un éclectisme, car il ne s’est jamais agi, pour lui, de picorer à droite à gauche pour défendre ou étayer un point de vue établi d’avance, mais la preuve que la nécessité s’impose, pour la poétique, de mener la critique des séparatismes de la pensée pour, tout au contraire, tenir ensemble le poème, le langage, la vie, le politique, l’éthique…
            Linguiste ? traducteur de la Bible ? traductologue ? penseur ? poète ? critique ? Henri Meschonnic n’est jamais ceci ou cela séparément, et il est tout cela à la fois. Poéticien. C’est-à-dire que son œuvre est d’abord un défi lancé aux bibliothécaires et aux libraires : c’est le cauchemar de l’indice Dewey qui sert à classer, classifier, ranger les livres sur les « bonnes » étagères ! Penser est alors une mise à mal du réflexe de classification, une preuve de la résistance de cette œuvre à toute assignation, paradoxalement proportionnelle à sa cohérence interne, et au plaisir qu’il y a à vivre hors les cadres normés-normatifs, prévus d’avance par le pouvoir culturel en place, lequel s’établit sur une régionalisation des savoirs sans rapport avec l’activité réelle de penser, sans rapport avec la liberté qu’elle suppose, ni avec le continu qu’elle n’a de sens qu’à inventer toujours.
            Penser dans les cases, c’est s’assurer de ne pouvoir le faire. Quelques soient les institutions, les traditions, les habitudes qui ont délimité les cases.
            Cette régionalisation, héritée des Lumières, se veut la Raison, la seule, l’unique, alors qu’elle n’est qu’une rationalisation, historique, située, de la vie de la pensée dont la poétique, avec Henri Meschonnic, se propose de faire l’épistémologie critique. La rationalisation spécifique des représentations en matière de pensée est située, elle est aussi situante… Elle définit un état des savoirs et un état de la liberté qu’ils autorisent, à chaque fois ici-maintenant.
            Cela ne suffit pas d’être persuadé d’être la Raison pour avoir raison, ni même pour être raisonnable. La Raison, quand elle prend son R majuscule, n’est bien souvent que la folie du jour prise pour le maximum de la pensée, mais assez partagée seulement, assez confortablement installée dans les têtes, pour se faire oublier comme folie. Elle ne réussit qu’à se rendre impensable tout ce que son assurance et le confort qu’il y a à respirer l’air du temps escamote.
            Passer dans la bibliothèque, d’un rayon à l’autre, pour rassembler l’œuvre complète d’Henri Meschonnic, que la classification régionaliste a éparpillée, c’est une façon de se mettre en marche, et de rester en marche, de ne pas s’assoupir sous l’œil maussade des « Assis » (« Le sinciput plaqué de hargnosités vagues » disait Rimbaud). C’est un jeu qui oblige déjà au plaisir de la réflexion. C’est refuser aussi de laisser sous la poussière s’endormir les livres et tout ce qui exige de nous que nous le fassions vivre de notre vie.

            Pour parler d’Henri Meschonnic, je choisis de partir du poème. Et de la poétique, que je définis ici comme le point de vue que l’écriture du poème donne sur les choses du langage, sans jamais les séparer du politique et de l’éthique que cette pratique entraîne, sans jamais les séparer de la vie et des rapports qui les constituent.
            Je dis « poème ». Je ne dis pas « Poésie ».
            Le poème est une activité toujours en train, quand la Poésie, lorsque c’est un genre littéraire défini, est un produit de cette définition et une programmation des pratiques par cette définition – tout le contraire d’une liberté de parole.
            Partir du poème, et de ce qu’il force à penser, c’est aussi partir de ce qu’il y a de plus difficile à assigner – non pas un indéfinissable, mais ce dont la définition, dans et par une pratique toujours spécifique, ne peut s’arrêter et doit à chaque fois se préciser, à chaque poème se rejouer et demeurer toujours ouverte à l’inconnu qui y vient, demeurer toujours problématique.
            La Poésie aussi connaît ses régionalisations : lyrisme, objectivisme, engagement, avant-gardismes et j’en passe…
            Dans le lotissement du « poétiquement correct », restent les pavillons, à la banlieue des philosophies, avec leurs petits jardins bien séparés, bien cadastrés, qu’il n’y a plus qu’à entretenir. On appelle cela « habiter en poète ».
            Avec Henri Meschonnic, force est de constater que l’urgence n’est pas de gérer son patrimoine poétique en bon père de famille. Bien au contraire : il faut que ça déménage ! Oui : déménager en poète plutôt qu’habiter en poète. Pousser les meubles, bouger les définitions, plutôt que restreindre les pratiques à ce que les définitions autorisent. C’est le sens de l’aventure, le choix de l’inconnu, d’un faire-connaissance qui n’a pas de fin possible, contre celui d’une illusoire maîtrise des savoirs et des savoir-faire, contre le confort mortel d’avoir déjà connu. C’est s’élever contre ce qu’il appelle le « prêt-à-penser » : c’est-à-dire à ne pas penser ; le déjà-pensé, dès lors qu’on s’y arrête, faisant un ensemble axiomatique sur lequel peuvent s’ériger seulement les représentations totalitaires d’idéologies prises pour la Vérité. De l’historique se rêvant comme fin de l’histoire, et rêvant tellement son rêve comme une totalité qu’il ne peut plus même voir tout ce qui n’entrerait pas dans le cadre de ses définitions. Toute idéologie tend au totalitarisme dès lors que ses axiomes empêchent de penser tout ce qui ne relève pas de leurs représentations. Tant la carte et le territoire se déterminent mutuellement qu’ils sont pris pour la totalité de la pensée et du pensable.
            Le poème-Meschonnic, et la pensée-Meschonnic, ensemble indémêlables, forcent à prendre l’air. Ils créent des sorties, des appels d’air dans la Bibliothèque et le Musée. De quoi, dit-il, « respirer dans l’irrespirable ».
            Je vous propose quelques unes de ces sorties, qui sont autant d’entrées dans l’œuvre-vie d’Henri Meschonnic. Le choix en est subjectif, cependant elles ouvrent aussi, passant par autant de subjectivités, à l’ensemble des participations de ce numéro d’Europe.                
            Ce sont quelques « idées-forces », quelques coups d’air frais que j’ai pris en lisant Henri Meschonnic. Le choix est subjectif, il est aussi fatalement restreint. Il ne demande qu’à s’étendre à travers les lectures qu’il voudrait susciter et avec lesquelles il lui est urgent d’entrer en débat.

            D’abord une définition du poème : « une forme de vie qui transforme une forme de langage et une forme de langage qui transforme une forme de vie ».
C’est deux fois la vie, liée, deux fois, infiniment, au langage. Ils sont inséparables, impensable l’un sans l’autre, liés par le mouvement, sans cesse transformés l’un par l’autre. Alors l’opposition entre la vie et le langage ne tient plus. Elle est ancienne, certes, elle n’est pourtant qu’une représentation historique, et son antiquité n’en fait pas une nature. J’y entends une insurrection du poème contre le dualisme qui informe les représentations des rapports entre la vie et le langage, et les représentations et de la vie, et du langage, en les moulant dans le schéma matriciel du Signe. Le continu entre la vie et le langage s’oppose au discontinu du Signe, qui fait un double discontinu (dualisme de dualisme) : discontinu externe entre les mots et les choses (le signe / le référent) ; discontinu interne entre le signifiant et le signifié.
La définition du poème par Henri Meschonnic ne nie pas le discontinu (certes « une rose est une rose » et n’est pas le mot « rose »). Mais elle le situe en montrant que son primat dans notre représentation traditionnelle du langage est historique et culturel, ni une vérité, ni un universel.
Ce changement de point de vue a des conséquences multiples. En voici quelques unes :

Si le langage et la vie ne sont pas séparés, alors il ne peut suffire de définir le langage comme l’expression de la vie : d’un dedans vers un dehors. Ils sont leur mutuelle invention, à travers des rapports toujours spécifiques ; et ce que l’on fait au langage, et aux langues, et aux discours, c’est à la vie, à nos vies, à toutes les relations possibles qu’elles engagent et qui les transforment, aux sujets que nous sommes, que nous devenons, qu’on le fait. L’éthique d’une théorie ne peut jamais aller sans une éthique d’une pratique et une théorie de la vie. Ne pas le savoir ne rend pas plus libre. Cela aide, au mieux, à supporter l’insupportable. A s’y soumettre.

Le monde n’est plus le réel forclos dont nous ne pouvons rien dire, sinon des approximations qui, à la fois, le cachent voulant le révéler, et fixent la définition de l’Homme comme  être exilé, condamné à indéfiniment chercher à réduire sa séparation d’avec une totalité hors d’atteinte avec seulement les moyens qui fondent cette séparation. Dans ce monde-là, le poète, chantant l’exil et voulant le résoudre, se fait le prêtre d’une théo-linguistique négative dont le pouvoir ne tient qu’à faire passer une posture pour une nature et en sacralisant le Signe. Alors ne reste qu’une nostalgie du pré-logique, mais c’est un anti-humanisme. Et la définition du poème par Henri Meschonnic, en liant indissociablement, dans le mouvement de leur invention, la vie et le langage, montre ce que Saussure avait déjà découvert et en tire les conséquences éthiques et politiques : qu’il n’y a pas de différence entre l’origine et le fonctionnement du langage ; soit : qu’il n’y a pas un état primitif du langage et un état évolué. Il y a des primitivismes et des progressismes. Ensemble, ils font une seule vieillerie qui par elle-même induit l’idéologie selon laquelle il y aurait des hiérarchies entre les discours : du primaire-populaire au noble-littéraire ; et des hiérarchies entre les langues : des primitives-locales aux plus évoluées à vocation globale. Le poème lui-même n’est plus un état marginal survalorisé par rapport au langage courant mais, étant le discours le plus fait de ses spécificités, il est le plus langage du langage : non un écart, mais un maximum.
On entend la dimension éthique de cette pensée : à travers la définition du sujet comme ce que je suis, tel que ma pratique du langage, du premier bonjour du jour au poème, me transforme. Tel, aussi, qu’est sujet « celui par qui les autres sont sujets ».                

            Le primat du continu entre la vie et le langage dans le poème, leur transformation mutuelle, entraîne aussi une pensée du continu dans le tout-langage que nous sommes. C’est la définition du rythme comme mouvement de la parole dans l’écriture et organisation du sens. Il rompt ainsi avec la représentation platonicienne du rythme comme retour du même, qui le limitait à une esthétique métrique et plaquait le dualisme du Signe sur l’activité poétique considérée dans son opposition à la prose, tout en la limitant à un usage festif, sinon sacré, exclusif du quotidien / banal / vulgaire / profane.
            Le poème n’est pas le discours rythmé distinct des discours sans rythme et par là précisément « distingué ». Il est, des formes de discours, celle qui montre le plus évidemment la présence, partout dans le langage, de rythmes toujours spécifiques.
            Alors, d’autres oppositions dualistes sont neutralisées : populaire / savant ; mais aussi : vernaculaire / véhiculaire pour les langues (le latin de Spinoza n’est qu’à Spinoza) ; et dans le calendrier des rapports constitutif des sociétés humaines : temps de faible intensité (le banal) / temps de forte intensité (la fête). Le quotidien porte et est porté par son propre extraordinaire.

            Si bien que l’écrivain, le poète, l’artiste, n’est pas celui qui sait, ni le maître de cérémonie, mais précisément celui qui « apprend à ne pas savoir ce qu’il fait », puisqu’il ne peut savoir a priori ce qu’il a à inventer, la pratique débordant la maîtrise des savoirs. Sinon, il ne reste, de la culture, que le culturel. La réalisation personnelle d’un modèle hérité par laquelle la modernité d’hier devient la vieillerie d’aujourd’hui en acquérant la plasticité nécessaire à sa survie et à son maintien au pouvoir, au maintient de l’ordre qui lui assure la domination et dont elle se fait l’agent zélé.
            L’artiste, dit Henri Meschonnic, « est le seul qui n’a pas l’art » car « loin d’avoir l’art derrière lui, il a devant lui un art qui n’existe pas encore ». C’est ce qui distingue l’art de tous les académismes qui voudraient se faire passer pour lui : des pratiques réactionnaires néo-classiques au diktat des avant-gardes (« la Vangarde ») qui ne peuvent s’autoproclamer sans ériger en lois leurs a priori théoriques. Changer les règles du jeu fait partie du jeu, et demeure le jeu de société où les élitismes quels qu’ils soient s’entendent à merveille pour garantir, jusqu’en leurs oppositions, la survie des institutions mondaines où les juges sont aussi les faiseurs.

            Alors, lorsqu’Henri Meschonnic déclare que « ce ne sont pas les langues qui sont maternelles, ce sont les œuvres », il faut entendre le primat des pratiques sur la pensée théorique mais aussi sur la patrimonialité culturelle-politique de l’art, sa mondanité et ses enjeux de pouvoir. Cela ne va pas sans une définition de la modernité d’une œuvre comme ce qui, en elle et par elle, continue à venir vers nous, longtemps parfois après les circonstances historiques de sa production, et comme ce qui, également, continue, par sa singularité même, à faire de l’identité culturelle un à venir et un pluriel interne ouvert et vivant.
            Dès lors qu’on sait ce que peut une culture, ce qu’elle est, alors cette culture n’est définie que par son passé. Alors elle est morte. Et ne reste plus qu’à déposer une gerbe sur elle, ponctuellement, suivant le calendrier des célébrations. Et l’on trouvera bien chaque jour quelque chose à célébrer, histoire de mettre au passé tout ce qui, des œuvres mêmes anciennes, pourrait encore agiter notre aujourd’hui. Mais on est défini, dit Henri Meschonnic, moins par un « être » que par un « faire ». Et la modernité d’une œuvre, ce qu’elle fait à sa culture, à sa communauté, à nous tous, sujets, c’est ce qui, de ce « faire » continue de se conjuguer au présent. Vers l’avenir, vers l’inconnu qu’elle est seule à inventer. Vers tous les inconnus. Et je pense alors à cette parole de Félix Castan, qui résonne fort depuis hier où nous en avons tant parlé, et qui en quelques mots suffit à dénoncer toutes les supercheries identitaristes : « Nous ne sommes pas le produit d’un sol, mais de l’action que l’on y mène ».  
           
Alors j’entends aussi, comme une ouverture de premier ordre donnant sur l’infini de la pensée, cette définition de l’utopie : non comme la vision idéaliste de ce qui ne vient pas, qu’on attend en vain – et qui sert surtout à faire rire ceux dont la folie consiste à se croire rationnels parce qu’ils ont la sagesse idiote d’accepter le monde tel qu’il est, et qui s’en trouvent inespérément confortés – mais comme l’activité au présent, qui consiste à faire de la place à ce qui n’en a pas : une transformation continue des représentations, d’autant plus urgente qu’elles s’ignorent comme représentations et se croient des vérités éternelles et universelles.
Je crois que je n’ai pas besoin d’en dire plus, ici, au Forom des langues du monde, parce que nos rencontres, toutes les rencontres que permet notre réunion, sont à elles seules la preuve que ce sens de l’utopie, nous le partageons sans aucun doute.

Si bien que je finirai sur cette dernière proposition d’Henri Meschonnic : « on ne sait pas ce qu’on transmet ». Et un jour qu’on en parlait ensemble, c’était à Lodève, pendant le Festival des voix de la Méditerranée, cet autre lieu d’utopie active, j’avais dû lui avouer qu’on ne sait pas non plus ce qu’on reçoit.
Je ne sais pas tout ce que je continue de recevoir d’Henri Meschonnic. Peut-être même le plus important est précisément tout ce que je ne sais pas que je lui dois. Mais je sais que c’est sur mon chemin, petit chemin, certes, mais, et beaucoup grâce à lui, c’est le mien.
« On ne sait pas ce qu’on transmet » : pour finir, c’est aussi une façon de m’excuser si je n’ai pas toujours été très clair. C’est que les chemins battus sont moins intéressants que ceux qu’il faut encore défricher, et ça ne se fait pas toujours à gestes mesurés.
Serge Martin a donné pour titre à son introduction à ce numéro d’Europe « Henri Meschonnic, commencements ». Eh ! bien ! oui… penser ça ne fait jamais que commencer. Parole de débutant.
Alors pour finir sans finir. Pour ne pas finir. Pour recommencer, je me permets de lire un poème d’Henri Meschonnic. Je voulais « partir du poème », nous y voilà arrivés :

ce qu’on entend à peine est ce qui sourd
lettre
après lettre je
n’ai de sens qu’après ma phrase je n’ai un
sol sous les pieds qu’après le pas je n’ai
d’aujourd’hui que demain je ne suis moi
que toi je ne
prends ma place que si je l’oublie
parler
me défait si je ne le défais pas

Ce poème est extrait de Légendaire chaque jour, je vous le donne, mais je le garde aussi, comme un programme qui effacerait tous les programmes, comme une promesse pour chaque demain matin de la vie.
                            

Philippe Païni - Toulouse, le 27 mai 2012

http://www.arnaud-bernard.net/

mercredi 9 janvier 2013

Contre-allées n° 31-32

Un excellent numéro de la revue Contre-allées pour commencer l'année 2013. Non seulement on y retrouve quelques amis :
- Jacques Ancet : "on dit voix mais ça pourrait être geste ou mouvement, ou simplement bougé d'ombres" (p. 11), (voir Résonance générale n° 4, p. 15-27, qui est recensé par Emmanuel Flory p. 138 : quel bonheur de lire ces comptes rendus qui montrent la richesse des écritures contemporaines) ;
- Philippe Longchamp : "Précaire au-delà d'une fin d'enfance, / mais une histoire déjà. Sans coupure./ Ne manque plus qu'un sujet pour son verbe" (p. 32) ;
- Philippe Païni : "mais le désir se nourrit ainsi / des mots qui le trouble" (p. 48) ;
- Guy Perrocheau : "on / voit des voix se fondre en un / seul aujourd'hui de tous les jours" (p. 82) - voir Résonance générale n° 3, p. 77-82 ;
et quelques poètes qu'on aime beaucoup :
Olivier Bourdelier et ses "frères humains" dont j'aime beaucoup son "en pensant à Ariane Dreyfus" (p. 13) ; Marie Huot pour la force de ses contes pour de vrai ("car j'ai toujours la vie en vue", p. 21) ; Jacques Allemand pour ses instantanés ("il se repasse le poème d'hier soir", p. 58) ;
et puis on découvre et on aime beaucoup tout de suite Mira Wladir ("je bruis dans l'interstice", p. 50) et tous les autres...
Excellente idée que ces questions croisées : la première par Cécile Glasman (Le poème au bois dormant : qu'advient-il entre l'écriture et la réécriture?) à quatre poètes Luce Guilbaud, Cécile Guivarch, Cédric Le Penven et James Sacré (on n'oublie pas sa présence dans notre n° 4) ; la seconde par Mathieu Gosztola (Que cherchez-vous en premier lorsque vous ouvrez un manuscrit : toucher le grain d'une voix singulière qui vous touche? Etre emporté dans un voyage? En somme, le connu ou l'arrachement à soi? Cherchez-vous tout autre chose?) à quatre éditeurs (Potentille, Eclats d'encre, Henry, Les Carnets du dessert de lune).
Et puis 36 notes de lecture : livres, revues qui font la bibliothèque de ce Contre-allées, c'est-à-dire les résonances d'une activité qui n'en finit pas d'augmenter les dégagements (j'emprunte à l'édito) du poème, de chacun de ces poèmes qui ne cessent de vivre en nous et par nous dès qu'on lit une revue comme celle de nos amis Amandine Marembert et Romain Fustier.
Un seul souhait : que les lecteurs et amis de Résonance générale deviennent vite, si ce n'est déjà le cas, des lecteurs et amis de Contre-allées.
On commande vite au 16, rue Mizault - 03100 Montluçon et sur le site : http://contreallees.blogspot.fr/
Serge Martin