mercredi 17 avril 2013

sur une voix pleine de mains tenues (avec Alexis Pelletier)


Alexis Pelletier, Mains tenues, Éditions de l’Amandier, 2013.

Il y en a neuf. Les Ennéades : avec Alexis Pelletier, j’ai toujours cette impression de lire de courts traités qui n’opposent pas mais au contraire cherchent au plus juste à la fois une poétique et une éthique, une didactique et une érotique, une politique et une physique, une musique et une vie (du biographique) – la liste n’est pas finie car chaque petit traité ne cesse de remettre tout à neuf et pourtant chacun réussit sa tenue au plus juste dans tous ces domaines qui tiennent les fils de nos vies. 
Neuf expériences. En précisant tout de suite que le poème n’est pas le prétexte à fuir ou à se réfugier. Le poème fait une expérience chaque fois recommencée : il s’invente à neuf chaque fois sans savoir, à corps neuf. Il fait l’expérience du poème comme vivre une expérience (John Dewey, Art as experience) où penser, parler, aimer, écouter, voir, imaginer s’emmêlent. Les deux premières mesures de l’héroïque de Beethoven, un film comme un rêve, une cabane-aux-contes, le mot réel, la joie et la tristesse mêlées dans une danse de Preljocaj, le violoncelle, etc. C’est toujours un accompagnement. Avec une tenue : la main pour vivre. 
Si les rencontres font ici références, c’est surtout ce qu’on ne sait nommer qui a lieu, qui vient, qui commence encore. On dit poème, musique, film ou peinture, danse et aussi amour, enfance mais c’est traversée, le cadeau. Le présent d’un voyage : Je vis avec les mots. Embarquement pour Cythère… parce qu’une voix appelle : il faut que tu me suives. On est saisis… et tenus de donner la main à la main - je pense à Paul Celan. On lit sur une voix pleine de mains tenues.


                                                       Serge Martin

Un autre livre d'Alexis Pelletier signalé à cette adresse: http://martinritman.blogspot.fr/2013/04/le-je-ne-sais-quoi-de-la-voix-avec.html

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