vendredi 5 juillet 2013

Les Cahiers du Chemin (1967-1977) de Georges Lambrichs

Serge Martin, Les Cahiers du Chemin (1967-1977) de Georges Lambrichs Poétique d’une revue littéraire, Paris, Honoré Champion, coll. « Poétiques et esthétiques XXe-XXIe siècles », 2013, 219 p.


Avec ce livre Serge Martin poursuit un travail toujours en cours, - celui qui l’occupe depuis ses livres L’Amour en fragments Poétique de la relation critique (Artois Presse Université, 2003) et Langage et relation Poétique de l’amour (L’Harmattan, 2004) – sur la relation dans et par le langage, la relation dans et par le poème, qui est une condition pour penser la littérature. Un travail qui fait du mouvement de la parole en poème un opérateur fort pour penser ce qu’est vivre en langage.
La force de ce livre précisément est de poursuivre cette recherche, toute de découvertes, en s’intéressant à la revue Les Cahiers du chemin dirigée par Georges Lambrichs de 1967 à 1977, aux éditions Gallimard. Serge Martin travaille à la poétique d’une revue occultée par la N.R.f., mais qui n’en pas moins d’importance, d’abord par la liberté d’écriture et de pensée que, de numéro en numéro, elle invente. La grande réussite de ce livre est d’abord de faire des Cahiers une œuvre, autant par la lecture qu’il en fait que l’écriture que fait cette revue des œuvres qu’elle publie : on voit dès lors que la « relation » est pour le moins en activité, avec le chemin qu’auront tracé ces cahiers. L’essai richement documenté combine alors plusieurs approches : celle du parcours de Lambrichs jusqu’à la création de la collection du Chemin chez Gallimard et de la revue, puis celle en direction de l’œuvre de l’écrivain Lambrichs, en particulier de son livre Les Fines Attaches (1957). Celle ensuite des œuvres publiées par les Cahiers qui sont aussi les grands titres de la collection « Le Chemin » : je cite, entre autres Perros, Stéfan, Chaillou, Trassart, Butor, Réda, Deguy et Meschonnic. Ainsi se croisent poétique des œuvres et poétique d’une revue pour penser la relation comme des résonances multiples. Comme le précise la quatrième de couverture du livre : « les auteurs des Cahiers du Chemin dessinent une constellation dans ce champ, que l’essai désigne du titre d’un ouvrage de Lambrichs : les fines attaches. »
Une revue par les œuvres, les œuvres par une revue : l’écoute ou relation se lit – et se lie – dans tous les sens. Une revue ne se lit pas qu’au moment de ses parutions, mais aussi dans le temps de ses lectures possibles qui, elles, continuent : « Si les revues meurent, elles ne cessent de vivre. » (p. 12) Elles s’écrivent aussi par l’écoute qu’on leur offre : ce que fait ce livre.
Trente numéros des Cahiers du Chemin existent, et l’essai de Serge Martin pour les continuer. Alors poursuivons.

Laurent Mourey

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