mardi 12 août 2014

Istanbul. Kilim des sept collines, avec Michel Ménaché et Josette Vial

Michel Ménaché avec des photographies de Josette Vial, Istanbul. Kilim des sept collines, La Passe du vent, 2014.



« A l’origine de ce livre, la transmission brisée… » : ainsi commence ce livre amoureux d’une ville. Un amour qui, lui, continue dans l’écriture, celle de la vue et celle de la voix, celle donc de la vie qui traverse ces instants d’éternité que regroupe ce livre. Il y a les lettres d’un grand-père à son petit-fils datées de ces funestes années lyonnaises 1942-43-44 avant qu’on ne le fasse disparaître dans l’horreur de la destruction nazie, mais on l’entend associer tous ses mouvements de vie aux instants volés à la ville d’aujourd’hui, cette Istanbul qu’il a quittée, retrouvée pour rejoindre l’Argentine, l’Espagne puis la France - la voix du grand-père dans celle du petit-fils qui a maintenant plus que son âge. Et le poète, regardant les photographies, y met l’humour, la précision, le tact du point de voix, cette attention au langage qui vient résonner avec l’attention du point de vue, ces prises que la photographe a su cadrer dans le fourmillement des vies d’une ville sans jamais capturer, réduire à des clichés, mais en suggérant toujours la force des énergies qui passent, ces passants qui font la forme d’une ville. Alors, chaque page du livre qu’on tourne, c’est chaque fois un recommencement de la vue, de la voix et de la vie : Istanbul. Alors le grand-père et la grand-mère de la dernière photo – ceux du poète donc – s’entendent encore et encore dans ce puzzle magistralement disposé par Michel Ménaché et Josette Vial lors de séjours dans la grande ville du Bosphore. Sur laquelle veillent encore les étoiles blessées : elles fixent l’orient d’une démocratie pleine de mémoire vive, de voix qui s’entendent. Elles nous font aimer une ville parce que c’est leur vie qui continue, qu'on voit, qui nous parle.

On peut feuilleter quelques pages du livre à cette adresse: http://issuu.com/lapasseduvent/docs/livre_istanbul._kilim_des_sept_coll

Serge Martin

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